samedi 31 mai 2008

Blue Sky Black Death - Late Night Cinema / Babygrande records
















Dans le chaudron bouillonnant de ce qu’on définit encore sous l’étiquette obsolète de « hip-hop », on trouve milles ingrédients mystérieux qui feraient passer la potion magique de Panoramix pour une banale soupe de poireaux : gangsters de Compton, hypeux à la Timbaland, fêtards camés du Dirty South, writers introspectifs, nerds de l’abstract, blancs-becs sautillant nourris à l’électro, scratcheurs fous, psychos de la frange dark à la Necro ou Dälek… Blue Sky Black Death appartiendrait à la dernière catégorie, celle d’un hip hop complexe, très émotionnel, lourd comme un temps d’orage, torturé comme un lendemain d’apocalypse. On y trouve bien souvent d’authentiques orfèvres dont la richesse des influences transcende l’appellation « hip-hop », plus vraiment d’origine contrôlée. La formation qui nous intéresse aujourd’hui en est assurément l’un des fleurons, livrant des instrumentaux fascinants, millimétrés, si beaux que les featurings y deviennent presque encombrants! Rien de tel qu’un bon BSBD 100% instrumental pour décoller de son siège…

Ca tombe bien, Late Night Cinema est de ceux-là. Young God et Kingston ont été biberonnés au 7ème art, et à la bande originale : il rendent ici à cet univers un vibrant hommage. La puissante personnalité, très visuelle, de cet album s’accorderait en effet à merveille à une sorte de western moderne et urbain, très dramatique et lyrique… dans l’esprit de The Cinematic Orchestra, en moins lumineux, genre face cachée de la lune.

Définitivement, il faut plutôt parler de compositions que de prods hip-hop lorsqu’on évoque BSBD, et même si on décèle souvent un beat, une boucle, on s’attardera davantage sur les mélancoliques passages noyés sous les cordes, les claviers sublimes, les chants de divas fatiguées, avec l’ombre d’Ennio Morricone qui planerait au-dessus de tout ça… on reconnaît d’ailleurs un sample très connu de « Il était une fois dans l’Ouest » sur « Ghosts Among Men ».

La maîtrise est impressionnante, la production polie comme un diamant, une grande harmonie se dégage de Late Night Cinema. On passe constamment de l’ombre à la lumière, lumière dont les innombrables variations nous laissent bien souvent en pleine béatitude. Avec cet album, Blue Sky Black Death a bâti sa cathédrale. Pas vraiment de place (malheureusement ?) pour des morceaux plus puissants et épiques tels que ceux joués avec Warcloud ou Hell Razah ; question de cohérence et de sensibilité. Ici le voyage est plutôt calme, la musique adoucit les mœurs, dans un écrin de mélancolie légère qui ne nous bouscule jamais vraiment, mais nous ouvre grand l’esprit. Et c’est vrai que, quand même, c’est ça qui est bon, si je puis me permettre.

Myspace de BSBD

jeudi 8 mai 2008

Fumuj - The Robot and the Chinese Shrimp / Jarring Effects
















C’est le printemps. Il fait beau, il fait chaud. Le monde change un peu autour de nous. On flâne, on s’habille léger, il y a du monde partout… il fait beau quoi. Le soleil, ça veut dire aussi les rues plus animées, et ces mystérieuses fenêtres ouvertes y déversant des flots de musique. Un peu trop fort pour une écoute, à vrai dire ; il semble qu’il s’agisse plutôt de faire profiter de ses goûts musicaux la populace d’en bas. Idem sur les routes. Bon, alors on se tape souvent du son de kéké, ou alors l’insupportable mec qui claque Tryo à fond dès qu’il fait beau, genre il sort jamais le skeud en hiver. Vous ne voulez pas ressembler à ce genre de personnes exécrables. Vous voulez avoir la classe, vous cherchez le son qui tue et qui met la patate en ces semaines pré-estivales. Ne cherchez plus.

Nouvel événement du label Jarring Effects, ce second album de Fumuj, formation tourangelle (euh, ça veut dire originaire de la ville de Tours, et non pas qu’il s’agit un groupe composé d’oiseaux) ressuscite l’énergie dévastatrice de la fusion. Raah. Cet heureux mélange électro/metal/hip hop a fait le bonheur de la scène alternative pendant bien des années, transcendant les frontières entre genres, amenant métalleux et b-boys à se laisser chatouiller les oreilles par des sons électroniques. Aujourd’hui, la tendance est de toute façon à l’hybride. Mais l’esprit survolté et un peu bordélique de la fusion n’est plus vraiment au rendez-vous.

Chez Fumuj, cet esprit anarchiste, un peu punk, on l’a. Et on le met au boulot, au service de la puissance de feu. Pas de chichis, même si on est ravis par les mélanges stylés opérés entre 8-bit spirit, metal hurlant, dub cybernétique et rap au mutagène bouillonnant (assuré par MC Miscellaneoius, un vrai sauvage) en passant par des touches orientales, reggae, indus, j’en passe et des meilleures. On peut aussi tomber, au détour d’une piste, sur des cuivres épiques, des claviers mélancoliques, ou des accords acoustiques, errants de ci de là… des voies différentes pour aboutir au même résultat, l’essentiel: ça casse la gueule.

Entre instrumentaux et toastings protéiformes, l’album déroule comme une vraie locomotive. La présence écrasante d’une basse et d’une batterie, seules vraies constantes, remplissent tout l’espace, faisant le plein de la machine Fumuj, semblant être les axes autour desquels s’articulent des centaines de bruits, des flots de paroles tournoyant à pleine vapeur tout au long de The Robot and the Chinese Shrimp. Mais la bête a aussi ses phases de calme, empreintes de voix filtrées, d’échos étranges, d’ambiances surréalistes, comme dans un œil du cyclone.

Et, miracle, ce Frankenstein ne se déboulonne jamais, même s’il lui reste quand même des progrès à faire niveau maîtrise. Mais c’est sûrement ce qui fait tout son charme.

Myspace de Fumuj



samedi 3 mai 2008

Family guy presents Blue Harvest






















Parfois, on se dit : Dieu est grand (ou pas).

Comme quand on vous annonce l’adaptation cinématographique de votre bouquin/bédé/recette de cuisine préféré : ça vous file comme des guili-guili dans le bas-ventre, vous êtes tous fous, avec en même temps un peu d’appréhension, la crainte justifiée que l’adaptation soit une belle merde.

Et là, en passant à la Fnuck, l’œil vagabond, que vois-je : une chtite tête de gondole où s’étale la belle affiche, immédiatement reconnaissable par le fan, de Star Wars : A New Hope, le quatrième, et donc premier, épisode de la saga Star Wars. C’est alors que, plissant les yeux de perplexité, je m’approche, interpellé par l’anormale vivacité des couleurs. Tiens donc, mais, mais… ces petits personnages sympathiques, tout en rondeurs… je ne rêve pas, ce sont bien LES GRIFFIN (Family Guy en V.O) ! Une famille qui a pris dans mon cœur la place des Simpson : plus trash, plus geek, leur humour ultra référentiel me les a fait adopter immédiatement.

Star Wars a toujours eu une grande place dans la série. Ca s’imposait logiquement : un épisode long entièrement consacré aux films de Georges Lucas… plus précisément, Blue Harvest est la parodie de A New Hope. Un véritable pastiche, puisqu’on y retrouve presque toutes les scènes du film original ! Cela tient parfois de la fidélité parfaite, même si quelques aménagements scénaristiques ont été ajoutés : le déménagement d’un canapé de l’Etoile Noire, la carbonisation de l’orchestre de John Williams, les passages en vitesse lumière psychédéliques, ou encore les sabres lasers reconvertis en désinsectiseurs… si les gags sont toujours aussi géniaux, le respect du matériau d’origine est bel et bien là : chaque détail, posture, réplique, accessoire est reproduit et/ou tourné en dérision. Pour un vrai fan comme moi, c’est à chialer de bonheur. Vraiment. L’esthétique Star Wars est parfaitement reproduite, c’est superbe. Leur talent comique est carrément transcendé par leur adoration du monde de Star Wars. Mieux encore que le débilos Spaceballs de Mel Brooks. Marrant de voir que les auteurs vont même jusqu’à se permettre de montrer du doigt les imperfections du matériau d’origine, les invraisemblances qu’on a soit même pas relevé dans le film original, même après l’avoir vu 50 fois (au moins). Et ce qui est ultimement (?) fort dans Blue Harvest, c’est l’animation. L’image est nickel déjà, et on se surprend à carrément admirer les mouvements du Faucon Millenium et les ballets des X-Wings et des chasseurs TIE. Ca, je ne m’y attendais pas. Bin oui, c’est drôle, et en plus, c’est beau. Alléluia.

Ce qui est génial, c’est qu’on a là un vrai DVD, un hommage respectueux d’une part, et riche. L’équipe a contacté Lucasfilm il y a bien longtemps pour faire approuver leurs gags et leur utilisation du character design. Quelques années plus tard, ils obtiennent facilement le feu vert pour démarrer Blue Harvest (titre originel de Return of The Jedi d’ailleurs). Les bonus nous livrent un exceptionnel entretien avec le grand Georges, où celui-ci avoue sa sympathie pour Les Griffin, répondant en toute simplicité aux questions d’un Seth McFarlane qui aurait sûrement été moins intimidé devant Jésus (ça fait trois références à la religion, faut pas chercher, Star Wars, c’est LA religion). Georges Lucas est un homme rare, qui n’accorde que très peu d’interviews. C’est dire si le projet lui a plu. Une bonne raison pour un fan d’acheter immédiatement ce DVD. En sus ,vous aurez droit à un making-of, transpirant la passion et la geek-attitude, nous faisant découvrir une équipe simple, sympa et douée. On les découvre mieux encore dans le commentaire audio, qui réunit de nombreux membres de l’équipe dans une ambiance joyeusement bordélique.. Ca fait bien plaisir un vrai DVD bien rempli de bonus bordel, parce que c’est pas tous les jours, hein ! Ya même un épisode inédit !